Vesta



Tandis que les ténèbres de la nuit s’étendaient sur toutes les vastes contrées de la Terre d’Exil, les hostilités entre les peuples de ce monde débutaient. L’empereur Noctarius et la souveraine des Histrions s’étaient déclarés la guerre l’un à l’autre. Par centaine, de jeunes alevins rendaient l’âme dans les rivières et les mers de l’ancien monde.

Par delà les frontières du royaume Noctarius, une adorable fillette s’entêtait éperdument à combattre la fatigue. Cette jeune enfant, dont la chevelure argentée lui descendait jusqu'aux pieds, était d’une inoubliable beauté. Sur ses lèvres bien ourlées et son visage violacé s’esquissait sans cesse un tendre sourire et malgré ses centaines de printemps, elle semblait toujours avoir douze ans. Malgré ses bâillements incessants, ses lourdes paupières et la langueur de ses membres, elle parvint finalement à s’accoutrer d’une simple toge blanche, à moitié transparente, puis se glissa à travers un vaste portail en pierre blanche pour y rejoindre sa mère et le reste de sa parenté. Au coeur de ces quatre imposants murs de marbre l’attendait néanmoins la dépouille inerte de son défunt paternel, Ciryon premier du nom. Son cadavre gisait au-dessus d’une énorme mare de sang et sur son corps à moitié dénudé se dessinait une bonne dizaine d’ecchymoses ainsi que l’empreinte d’une dague et de sa lame bien acérée. Plus loin, près du vestibule, gisait également le corps inanimé et froid du grand sourcier et de sa mère, Vestalë.

Vesta remarqua alors, à travers l’immense fenêtre de la salle de séjour, les sombres silhouettes qui l’épiaient, cachées dans les fourrés. Elle entendait les voix rauques de ces quelques créatures ainsi que leurs obscures incantations. Elle entrevoyait également les ailes noires de ses assaillants. Vesta ne pouvait abandonner les dépouilles de ses parents, ni freiner les agissements de ces ignobles personnes, si vraiment s’en étaient. Elle se recroquevilla simplement et s’éclipsa de leur vue. Soudain invisible aux yeux de ces trois ou quatre assassins, elle bondit à l’eau et nagea de bon train. Elle connaissait chacun des recoins de sa noble cité, l’ancienne Romane. Un royaume, qui soit dit en passant, ressemblait beaucoup au nôtre. C’est ainsi que la douce Vesta perdit ses parents et son illustre mentor. C’est de la main d’un Noctarius que ce soir-là, trois Histrions de renom ont rendit leur dernier souffle de vie et cela, espérons-le, jamais aucun de nous ne l’oubliera.

Malgré le deuil qui pesait sur ses frêles épaules, Vesta trouva en son être la force morale et physique de poursuivre son apprentissage, celui de la toute prochaine sourcière. Son devoir serait alors de découvrir les vérités qu’elles qu’en soient, de les pister dans chacun des êtres qu’elle abordera. Ainsi, la future sourcière découvrirait également la source du meurtre de ses parents.

Vesta aurait juré qu’elle venait de s’endormir quand Ciryandil la réveilla. Si le soleil n’était pas encore levé, comme les autres occupants de la maison, les coqs saluaient déjà les premières lueurs de l’aube. Vesta était à présent âgée d’environ 300 ans et malgré l’éducation qu’elle avait eue, elle ne connaissait pas encore la vérité au sujet du meurtre de Ciryon et Vestalë, ainsi que sur celui du précédent sourcier. Cela faisait plus de 100 ans qu’elle avait épousé Ciryandil, elle lui avait offert depuis longtemps son âme, son esprit et sa chair toute entière et le chérissait plus que qui que ce soit d’autre.

Vesta se joignit de bon gré au déjeuner qu’avait si généreusement cuisiné la mère de son tendre époux, des civelles et des crudités en bon nombre. Ils dégustèrent également volontiers la matelote d’anguilles à la bière brune qu’elle leur avait spécialement apprêté. Ils quittèrent par la suite la demeure familière pour se rendre tout droit en direction du Consul Histrion. De nouveaux meurtres avaient répertoriés, les Noctarius n’avaient toujours pas cessés leurs crimes à l’égard des Histrions. S’en était assez, pensait Vesta. Ils devaient agir, mais ne s’avaient nullement comment s’y prendre. À ce rythme, il aurait sans doute suffit d’une soixantaine de lunes pour que plus aucun Histrion ne puisse vivre en ce bas monde.

Vesta, intrépide comme nulle autre, se rendit donc dans la cité suspendue des Noctarius et fut bien évidemment capturé par ces derniers. Cette capture engagea les Histrions au combat, ils se rendirent en bon nombre dans la cité noire. Nombreux sont ceux qui périrent au cours de cet affront. Vesta y rendit également son dernier souffle de vie. Il paraîtrait néanmoins que Ciryandil aurait tenté de ressusciter sa belle, mais n’y serait pas tout à fait parvenu. Cette vaine tentative l’aurait épuisé à un point tel qu’il aurait rendit, lui aussi, son tout dernier respire. Quant à Vesta, elle n’aurait été qu’à moitié ressuscitée. Ainsi, les divinités de ce monde durent admettre qu’ils ne pouvaient réintégrer la Terre d’Exil, ni aller dans le royaume des morts. À défaut de leur trouver un endroit plus convenable où vivre, ils leur autorisèrent à rejoindre le panthéon des dieux et à regagner leur ancienne cité s’il le désirait, sous leur formes d’autrefois.

Depuis lors immortels, ils ont sus gagner le respect de leur peuple et même la convoitise de certains. Ils ont accrus leur savoir et leur sagesse, devenant ainsi plus importants aux yeux des Histrions que qui que ce soit d’autres. Ils se montrent que très rarement, mais lorsque cela leur arrive, on ne distingue généralement qu’une sorte de forme translucide et lorsqu’ils osent émettre un son, chacun des mots semblent sans cesse se répéter dans l’esprit de la personne.

Sphère d'influence :
Aucun

Religion ou culte qui lui est voué :
Aucun

Entitée amie :
Ciryandil

Entitée ennemie :
Nihil

Enlignement :
Neutre-bon

Type d'entité :
Physique

Astre représentatif :
Aucun

Minerais représentatif :
Aucun



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Écrit par Rébecca, 15 Novembre 2006
Artiste de l'image : Michael Whelan